Bienvenue au royaume du sida – Roman

£14.65

L’abbé Baba reçoit les confessions des personnes malades du sida internées dans un centre d’isolement, en attendant leur mort imminente.

De l’infirmière qui inoculait le poison dans la chair de ses patients, à l’officier de l’armée congolaise qui distillait le virus pour se venger des filles mineures qui lui auraient transmis le VIH, sans oublier le médecin occidental humanitaire qui empoisonnait les Africains pour les punir, l’abbé Baba, tenu au secret professionnel, n’avait jamais trahi son engagement et observait silencieusement la propagation massive du VIH dans la ville de Dolisie et dans tout le Congo, sous le regard indifférent du monde. Mais lorsque le poids de la conscience humaine prit le dessus sur ses obligations sacerdotales, quelques heures avant sa mort, il décida de briser le silence et de confier les secrets du confessionnal à un éditeur qui, à son tour, décida de les publier.

Auteure engagé dans la cause d’une humanité plus juste, Marie-Louise ABIA scrute les bas-fonds de la société humaine par des réflexions sur des sujets tabous.
Après avoir traité de la politique aliénante, sadique et criminelle des dirigeants congolais dans “Afrique alerte à la bombe”,et l’imposture spirituelle du célibat obligatoire des pêtres catholiques romains dans “Homme et femme Dieu les créa”, elle relate, au travers de ce roman, les mécanismes de la pauvrété matérielle qui engendre la pauvreté intellectuelle, un cocktail qui a échaffaudé le nid douillet du sida au Congo et dans toute l’Afrique subsahrienne.

Tous les immigrés ne quittent pas leurs pays par plaisir, mais parce qu’ils y sont contraints par le besoin de liberté, d’égalité et de fraternité, parce que les uns rendent les autres moins libres, moins égaux et moins fraternisables. Le rêve de tout individu est de bien vivre libre chez lui, au milieu des siens, non d’aller se perdre dans les tourbillons d’un monde lointain et inconnu.

Category:

Description

Chers lecteurs,

La vie étant un éternel recommencement des destins et destinées, des rêves et réalités, des ambitions et indifférences, la ressemblance historique des faits relatés dans ce livre, avec certaines réalités, ne peut être qu’une coïncidence car ces faits n’ont rien à voir avec votre histoire ou votre expérience car tout n’est que fiction, simple imagination, comme l’est la vie elle-même: une banale fiction hautement épicée et très mouvementée, errant ça et là, à travers les temps, les civilisations et les mondes, fouettant hommes, femmes et enfants, de génération en génération, à l’aide du même fouet et avec la même vigueur, engendrant les mêmes réactions.

Votre histoire, c’est la vôtre ; les histoires de l’abbé Baba, ce sont les siennes.

MARIE-LOUISE ABIA

*********************************************

EXTRAITS:

—Tu sais, Yoyo, lui dis-je, je préfère quand même ne m’engager dans une relation que lorsque mon cœur y va en premier, j’aime être courtisée et me sentir désirée, c’est très romantique et j’aime le romantisme !

— Tu veux dire avec des fleurs, des cadeaux, de belles paroles, etc. ?

— Oui, et j’adore ça !

— Je vais te dire un truc ; les hommes romantiques, ça travaille comme simple employé, ça gagne cinquante mille francs CFA par mois, ça dépense quarante mille francs pour le loyer car c’est toujours locataire, et ça vit avec dix mille francs CFA. Les fleurs et les cadeaux, ce n’est peut-être pas garanti, mais les belles paroles, ça, c’est garanti ; tu sais pourquoi ?

— Pourquoi ?

— Parce qu’ils sont pauvres, ma vieille ! Et si en plus de cela ils se faisaient méchants, ils n’auront pas de femmes et leur malheur serait immense ! Personne ne voudrait être avec un homme pauvre et méchant ! Tu vois ? […]

— Le monsieur qui est assis à côté de toi, c’est le maire de la ville, tu le sais ?

— Oui !.. Et alors ?

— Doux Jésus !.. Qu’est-ce que tu es bête !…. Alors, ça veut dire qu’il a beaucoup d’argent tout le long de son corps et qu’il ne sait pas quoi en faire ! Ne crains rien, cause avec lui, il ne te demandera jamais si tu es bonne en maths ou en physique, il se contera juste de savoir si tu es bonne au lit. Si tu peux l’emporter au septième ciel ce soir, tu auras un paquet d’argent ce soir même !…Tu as compris maintenant ? […]

— Mais c’est de ton copain qu’il s’agit, Yoyo!

— Oh, mon Dieu, arrête de m’insulter, tu vis dans quel monde, toi ? Tu as vu l’espèce ? Tu crois qu’il a l’air d’un copain, lui ? Il n’est le copain de personne ! Cet homme que tu vois là, est maire de la ville de Brazza, mais il n’a pas passé de concours pour y arriver, si tu lui demandes d’épeler son propre nom, il confondra le «o» et le « a », tu comprends ?

— Non, Yoyo, je ne comprends toujours pas !

— Alors, je t’explique : tu sais qu’au Congo pour obtenir un poste important, il suffit de s’allonger sur le canapé installé dans le cabinet du président de la république – quand tu es une femme –, ou de prêter ta femme au président de la république pour une séance de récréation – quand tu es un homme, d’accord?

— Ah, bon?

— Eh oui, ma vieille ! Bienvenue au Congo ! […]